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L'hippodrome du mois
Interview

L'hippodrome du mois

Publié le 30 nov. 2023
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Hippodrome du Haras du Pin

Plongez dans l'histoire captivante de l’Hippodrome du Haras du Pin à travers les yeux d’Éric de Catheu, Président de la société des courses. Dans cette interview, il nous dévoile son héritage familial profondément ancré dans l'histoire des courses de chevaux, remontant au XIXe siècle. Explorez l'évolution de l'hippodrome du Haras du Pin, témoin d'une riche histoire équestre depuis sa création jusqu'à nos jours, où des bénévoles dévoués perpétuent la tradition. Enfin, Sébastien Leroux, directeur du Grand projet du Haras du Pin, nous révèle les objectifs de cette initiative ambitieuse visant à faire du Haras du Pin la première destination thématique rurale de France.
 

  • Président, parlez-nous de votre parcours ? Comment est née votre passion pour les courses hippiques ?

    Hippiquement, je suis fortement imprégné de l'univers des courses de chevaux et des hippodromes :

    -Du côté maternel, mon aïeul Achille Fould a marqué les débuts de notre passion en 1836 avec la jument « Burlesque », engagée sur un hippodrome éphémère à Porchefontaine. Ses couleurs, « casaque rayée lilas et blanc toque noire », ont été arborées dès 1839 par son cheval « Auriol », victorieux à Versailles sur le terrain militaire de Satory. De là, un haras à Tarbes a été fondé, propulsant son écurie vers le succès. Membre du Jockey Club, commissaire à Chantilly, élu à Tarbes puis à Paris, il devint ministre de la 2nde République dès 1849. Son fils a joué un rôle clé dans le financement des premières tribunes de Longchamp en 1858, et ses descendants, jusqu'à ma mère, ont persévéré en tant qu'éleveurs, propriétaires et membres de sociétés de courses.
    - Du côté paternel, mon grand-père Christian de Catheu a établi en 1902 le Haras de Clairfeuille, figurant en tête des vendeurs à Deauville dans les années 1920-1925. Mon père, cavalier polyvalent, a succédé à son beau-père dans les sociétés de courses et a présidé la Société de Sport de France, supervisant les hippodromes du Tremblay (jusqu'en 1967), d'Evry, de Vichy, Fontainebleau, etc. En plus de diriger le haras, il a présidé à Alençon et été vice-président au Pin.

    Personnellement, j'ai exploré divers aspects de la filière, de l'élevage au débourrage en passant par la propriété. Dorénavant uniquement Président de la Société des Courses du Haras du Pin car de nos jours, il est devenu difficile de bénéficier de l'aide ou du soutien qui étaient autrefois disponibles.
     
  • Quel bilan tirez-vous de votre dernière réunion hippique qui a eu lieu le dimanche 22 octobre 2023 ?

    Le bilan de notre récente réunion hippique, tenue le dimanche 22 octobre 2023, a été présenté dans mon message aux membres  de l'association dès le lendemain.

    Le nombre total d'entrées payantes a atteint un record en 2023 avec 2394 entrées pour 4 réunions, dépassant les 2250 en 3 réunions en 2010. En ce qui concerne le nombre moyen d'entrées par réunion, le record en 2010 était de 750, suivi de 657 en 2008. En 2023, ce chiffre s'établit à 599, surpassant même les 597 de 2011. Pour le nombre d'entrées lors d'une seule réunion, le record en 2011 était de 903 le 16 octobre, comparé à 722 le 30 avril dernier.

    Cette année, grâce à la clémence météorologique et à l'implication de chacun, nous avons observé de belles améliorations.

     
  • La société des courses du Haras du Pin organise des épreuves de Galop et comprend un parcours de steeple-chase et de cross-country, quelle organisation et quelles contraintes cela implique pour vos équipes de bénévoles ?

    La convention avec le Haras du Pin prévoit que les surfaces horizontales restent à la charge du propriétaire et que la société n’est qu’à entretenir l’intérieur des bâtiments et les obstacles. Les bénévoles doivent ici principalement avant les réunions nettoyer, mettre en place, et après, stocker, ranger…
Bénévoles Haras du Pin
Plusieurs bénévoles devant le Fence Irlandais, un obstacle de l'hippodrome
  • Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre rôle de Président ?

    Que cet hippodrome, lieu « mythique », ne ferme jamais, ne disparaisse pas, tant il transmet et continuera de véhiculer l'essence des courses et des hippodromes du XIXe siècle, dans un écrin quasi intact qui accueille le public comme une rivière de bijoux.
     
  • Quel est votre meilleur souvenir sur l’hippodrome ?

    Hélas, le spectacle le plus magnifique était celui des défilés d'attelages de la cour du Haras, parcourant les 3 km de l'allée de l'hippodrome avant et après les courses. Leur arrivée sur l'hippodrome et leur retour dans la cour du Haras étaient des moments inoubliables, perdurant jusqu'à l'an 2000, sauf erreur.
     
  • L’hippodrome est implanté au cœur du prestigieux site du Haras du Pin, présentez-nous-en quelques lignes ce lieu historique ?

    L’histoire en abrégé, je ne veux pas m’y résoudre, c’est comme ça que les raccourcis omettent l’essentiel. Aussi je citerai une note de juillet 2010, écrite par un ancien technicien du Haras du Pin, Tanneguy de Sainte-Marie qui dit que tout ici provient d’un seul homme :

    "Ephrem HOUEL est né à la fin du mois de juillet 1807, au beau milieu du 1er Empire, à Torigni-sur-Vire, dans le département de La Manche, non loin de Saint Lô……
    Devenu lui-même Officier des Haras en 1829, Ephrem HOUEL fut nommé en premier poste au Haras du Pin au grade de Surveillant..... Les traditionnelles fonctions d’animateur et de formateur du Sous-Directeur l’amenèrent à imaginer et à mettre en œuvre des activités hippiques et équestres sur le territoire de la circonscription et, notamment, dans le Cotentin.
    C’est ainsi, qu’en 1836, sollicité par la mairie de Cherbourg qui voyait les compétitions de régates péricliter, il suggéra d’organiser sur la grève, de la terrasse des bains à la redoute de Tourlaville, des courses de chevaux de pays……
    Les 25 et 26 septembre 1836, la municipalité de Cherbourg a donc été la première, en France, à proposer ce divertissement hippique réglementé qui, d’emblée, attira une foule immense venant tant de la ville que des campagnes environnantes….
    Les journées de courses « au trot », monté et attelé, se multiplièrent dans tout l’Ouest du pays, puis dans le Nord de la France, avant de gagner l’hippodrome de Vincennes avec son célèbre Prix d’Amérique.
    Nommé de 1838 à 1847 à la direction du Haras de Langonnet, en Morbihan, Ephrem HOUEL fit aménager, dans la lande proche, un hippodrome et y « lança » les courses hippiques officielles en Bretagne, à partir de cette petite paroisse du centre de l’Armorique puis de 1847 à 1848 Chef du dépôt de remontes des Haras Royaux du Bois de Boulogne avant de prendre la direction du Haras Pin de 1847 à 1850……
    Depuis les années 1820, ces herbages accueillaient chaque été, fin août, trois journées de courses « plates » au galop, franchissant parfois fossés, dénivelés et petites haies.
    L’installation d’un nouveau champ de courses se fera sur une trentaine d’hectares situés dans les mauvais bois de la bergerie, en une zone humide, argileuse, moins fertile et plus excentrée, sur le territoire de la commune de Ginai. Cet hippodrome, digne de ce nom, fut dessiné et parsemé d’une vingtaine d’obstacles naturels et variés dont certains placés dans le bois Est. L’extérieur du plateau permettait d’accueillir, selon les souhaits du directeur HOUEL, des courses au trot sur une piste plate de 2 000 mètres. L’ensemble de ce nouvel hippodrome moderne fut inauguré en 1852 et visité par Napoléon III à l’été 1863…"

    Les dernières courses au trot ont eu lieu en 1997 et ont été échangées avec les courses à obstacles de Bagnoles de l'Orne. Depuis les normes du trot font qu'elles ne pourraient pas y revenir sans des travaux improbables ne serait-ce que créer une piste de dégagement intérieur qui obligerait à supprimer le talus et les haies, sans parler d'aires de départ !
     
    Illustration des défilés d'attelages
    Illustration des défilés d'attelages
  • Quelles sont vos actions pour vulgariser les courses hippiques au plus grand nombre ?

    Dans ce domaine, ce sont mes vice-présidents avec un bataillon de jeunes bénévoles qui œuvrent avec un cocktail de moyens actuels...
     
  • Pour conclure, quelles sont vos aspirations futures pour l’Hippodrome du Haras du Pin ?

    Que le département, désormais propriétaire depuis juin dernier, puisse faire face à la remise en état et aux aménagements nécessaires du site après au moins 20 ans de négligence : de la fin programmée des Haras Nationaux jusqu’à la reprise en main récente.

Sébastien Leroux, directeur du Grand projet du Haras du Pin, répond à nos questions et nous présente les ambitions de ce futur pôle sportif et touristique.

  • M. Leroux, pouvez-vous nous donner plus de détails sur les objectifs et le calendrier de l’ambitieux projet visant à revitaliser le site du Haras du Pin ?

    Le Haras national du Pin, « Versailles du Cheval » est né de la volonté de Louis XIV et de Colbert. Sur plus de 1000 hectares, plus ancien des Haras Nationaux, le Haras du Pin garde le prestige du passé mais nécessitait un projet ambitieux pour conserver son rôle de vitrine et de moteur de développement pour le territoire et la filière. Ainsi, porté par des financements principaux du département de l’Orne et de la Région Normandie, un « Grand Projet » est né en 2020. Avec pour objectifs 4 axes principaux, à savoir le développement de l’offre touristique, en hébergement par exemple, la création d’un pôle international de sports équestres, livré en juillet 2023, la construction d’un campus de formation et l’accueil de professionnels de la filière.

    A ce jour, les sujets sont nombreux et continuent de se déployer, avec comme calendrier :
    - 2ème semestre 2024 : ouverture du Campus de Formation Pontavice
    - Juillet 2024 : fin des travaux de restauration de l’Eglise Saint-Ouen
    - Courant 2024 : début des travaux de restauration des Ecuries de la Bergerie
    - Courant 2026 : fin des travaux de rénovation du Manège d’Aure
    - Courant 2026 : Hébergement nature dans le bois autour de l’hippodrome.
    - Rénovation de différentes maisons d’habitation sur un calendrier pluriannuel pour proposer une gamme variée de gîtes.
     
  • L’hippodrome de la Bergerie est-il impacté et comment ?

    Le Grand Projet comprend la rénovation du clos-couvert des Ecuries de la Bergerie, qui sont en mauvais état et nécessitent une remise en état. Nous avons cependant souhaité retarder le démarrage des travaux puisque sur ce site de l’Hippodrome de la Bergerie, un projet d’hébergement nature va voir le jour. Nous avons retenu Coucoo Cabanes, pour implanter 30 cabanes en bois (tout confort) disséminées dans les 69ha du massif forestier autour de l’hippodrome. Coucoo aura la gestion de ces hébergements et utilisera les bâtiments de la bergerie (maisons + boxes) comme espace d’accueil/espace technique/ espace détente et convivialité. Afin de coordonner les travaux de rénovation du clos-couvert de la Bergerie, nous avons souhaité connaître les besoins de Coucoo en terme d’aménagement intérieur. D’ici quelques mois, les travaux pourront débuter.

    Les flux (chevaux, visiteurs, hôtel) de l’hippodrome de la Bergerie vont être réorganisés afin de permettre le meilleur fonctionnement des 3 entités (hébergement, courses, accueil du public). Ce qui impliquera pour nous de réimplanter des zones de boxes sur le site, pour toujours mieux accueillir les professionnels en offrant des conditions d’accueil optimum. L’étude est en cours.
     
  • Dans le futur site comment envisagez-vous la valorisation des courses hippiques ? Lors des réunions de courses, les visiteurs du domaine seront-ils incités à venir découvrir l’hippodrome ?

    Une communication est déjà en place à chaque événement sur l’hippodrome. Afin de mettre en avant les Courses du Pin et les animations annexes nous utilisons nos réseaux sociaux, notre site Internet et autres supports de communication… Coucoo Cabanes se fera aussi le relais de ces événements lorsque les cabanes seront ouvertes au public. Plus globalement, la présence de l’hippodrome est une chance pour le projet de développement et une partie importante du domaine du Haras du Pin, une vitrine de l’élevage, très présent autour du domaine. Nous travaillons avec la société de courses pour que cet hippodrome soit toujours plus attractif et notre ambition, au-delà de son bon fonctionnement est de l’accompagner dans son développement. Au cœur des haras, sa position, sa conservation historique et ses équipements actuels et futurs feront de l’hippodrome un atout majeur pour le territoire et le Haras. Un lieu d’accueil exceptionnel pour un public toujours plus nombreux. C’est notre souhait.
     
    Hippodrome Haras du Pin
    L'hippodrome du Haras du Pin en 2023 sous un ciel bleu et une nature verdoyante