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L’amélioration des performances à travers les compléments alimentaires
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L’amélioration des performances à travers les compléments alimentaires

Publié le 19 nov. 2022
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L’amélioration des performances à travers les compléments alimentaires

Dossier RaceAndCare : la santé à travers l’alimentation

Le rôle d’une bonne alimentation est primordial dans les soins au cheval, car elle doit apporter les éléments nécessaires à ses besoins physiologiques, lui permettre de prévenir l'apparition d'éventuelles maladies et le rendre plus apte à l’effort.

Les besoins du cheval sont différents à chaque étape de sa vie, qu’il s’agisse d’un poulain, d’un adulte ou d’un cheval retraité, et suivant son activité. En outre, le cheval domestiqué a accès à moins de variété dans son alimentation que dans la nature. Dans tous les cas, sa nourriture doit être saine, équilibrée et complète. C’est en ce sens qu’interviennent les compléments alimentaires, qui ont toujours un but bien précis et doivent être parfaitement adaptés aux besoins de chaque individu.

Dans le cas du cheval de course dont l’organisme est particulièrement sollicité, il peut être utile de réaliser, comme pour les athlètes humains, un apport sur mesure de vitamines et d’oligo-éléments, que ce soit ponctuellement, dans le cadre de cures, ou au quotidien.

Plongeons-nous dans l’étude de l’utilisation de compléments alimentaires, grâce à un fabriquant, un vétérinaire et un entraîneur. Nous verrons l’importance de ce sujet et la vigilance particulière dont il doit faire l’objet puisque, selon le produit administré et/ou les modalités d’octroi, le complément alimentaire peut devenir produit dopant.

Première partie : Témoignage du Dr vétérinaire Hélène Bourguignon, chef du service biologie équine de la Fédération Nationale des Courses Hippiques
 

Hélène Bourguignon
Dr vétérinaire Hélène Bourguignon
  • Quand administrer un complément alimentaire ? Quelle est la différence entre un complément alimentaire et un médicament ?

    H.B : L’administration de toute substance autre que l’alimentation naturelle doit être justifiée par l’état de santé du cheval. Un cheval en bonne santé n’a, dans l’absolu, pas d’autres besoins qu’une alimentation naturelle adaptée et équilibrée. Si sa santé justifie un apport autre que l’alimentation, il peut s’agir soit d’un complément alimentaire, qui ne nécessite pas d’ordonnance délivrée par un vétérinaire, soit d’un médicament vétérinaire, délivré sur ordonnance dans la plupart des cas.

    Tel que le définit le code de la santé publique, une substance ou composition de substances est un médicament si elle possède des propriétés préventives ou curatives à l’égard des maladies animales. Tout produit présenté sous forme injectable, quelles que soient les propriétés annoncées, est considéré par le législateur comme un médicament vétérinaire par présentation.

    A partir du moment où un produit est un médicament vétérinaire, il doit disposer, pour être prescrit, détenu et administré, d’une autorisation administrative, délivrée par l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (ANSES). Dans le cas d’un complément alimentaire, il appartient à l’entraîneur de s’assurer qu’il ne contient pas de substance prohibée. Certains fabricants prennent le soin de vérifier l’absence de substances naturelles alimentaires prohibées (caféine, morphine, …) dans leur produit, ce qui peut être mentionné sur le packaging du produit.
     
  • Sont-ils réservés aux chevaux de compétition ? Leur présence dans l’alimentation du cheval de course intervient-elle uniquement après analyses et trace de carence ?

    H.B : Les compléments alimentaires ne sont pas réservés aux chevaux de compétition, ils peuvent être utilisés pour tout cheval dont l’état le justifie. A chaque âge, stade physiologique (croissance, gestation, compétition, convalescence, vieillesse, …) correspondent des besoins particuliers qui peuvent justifier, si besoin, l'utilisation de compléments alimentaires. Ils ne sont en aucun cas une garantie d’amélioration de la performance.

    Une alimentation de qualité est indispensable pour que le cheval de course puisse exprimer pleinement son potentiel : cela implique un fourrage et des matières premières de haute qualité, vérifiées. La valeur nutritive d’un fourrage peut être très variable, des analyses de celui-ci sont importantes pour adapter l’alimentation et éventuellement la compléter en cas de carences. L’état de forme du cheval doit également être suivi et différentes analyses peuvent préciser la nécessité ou non de recourir à des apports alimentaires complémentaires.
     
  • Sous quelles formes sont-ils administrés ?

    H.B : Ils peuvent être administrés par voie orale, sous forme de granulé, de pâte ou de liquide, mais jamais par injection, sinon il s’agit d’un médicament vétérinaire.
     
  • Existe-t-il des compléments alimentaires interdits ?

    H.B : Oui, s’ils contiennent des substances prohibées de catégorie II par exemple, ce qui peut arriver si on achète des compléments alimentaires sur internet qui ne présentent aucune garantie de fiabilité quant à leur contenu. Les apports en cobalt par exemple sont autorisés s’ils restent dans la limite des recommandations internationales des apports alimentaires. Seuls des apports excessifs qui ne correspondent à aucune recommandation usuelle sont susceptibles de poser des problèmes.

    Par ailleurs, certains compléments alimentaires sont formulés avec des extraits de plantes qui contiennent des substances prohibées de catégorie I, qui sont des substances actives clairement identifiées, comme par exemple la capsaïcine, la caféine, la synéphrine, l’acide valérénique, les harpagosides, …

    L’administration de ces compléments alimentaires doit, dans ce cas, être arrêtée suffisamment longtemps avant la course pour respecter la règlementation de chaque discipline, au minimum 3 jours avant la course dans tous les cas. Quoi qu’il en soit, les compléments alimentaires ne doivent pas être administrés le jour de la course, sauf s’ils font partie de la nourriture normale des chevaux, comme un complément minéral vitaminé donné pour rééquilibrer une ration.
     
  • L’entraîneur prend-il la décision seul de les introduire dans l’alimentation ou avec aval du vétérinaire ?

    H.B : Il est toujours recommandé de demander conseil à un vétérinaire pour l’administration d’une substance autre que l’alimentation, susceptible d’être classée parmi les médicaments vétérinaires et donc d’être soumis à leur législation (code de la santé publique) ou susceptible de contenir des substances prohibées.

    Rappelons qu’un complément alimentaire n’est pas une denrée anodine. Son usage doit rester temporaire, s’il correspond à l’accroissement d'un besoin physiologique ponctuel. Si le besoin de complémentation s’inscrit dans la durée, il doit alors être évalué en concertation avec le vétérinaire au regard des différentes analyses de la ration.


Deuxième partie : Témoignage de Pascal Bonhommet, Directeur général du Laboratoire Vétérinaire Certivet.
 

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Directeur Général du Laboratoire Certivet, entreprise créée il y a quatorze ans, Pascal Bonhommet nous explique le processus de fabrication des compléments alimentaires, indispensables à la santé du cheval.

  • Comment sont élaborés les compléments alimentaires ?

    P.B : Ils le sont selon deux grands besoins. Tout d’abord, nous avons ceux liés à un stade physiologique. Notre but est donc de créer un aliment complémentaire, aussi appelé CMV (Complément Minéral Vitaminé). On associe des vitamines, macro-éléments et oligo-éléments, en se référant au besoin du cheval avec un produit final en adéquation. Vient ensuite la forme sous laquelle il va se présenter. On peut travailler sur une forme galénique, un liquide, un granulé, un gel, suivant la facilité d’utilisation. Pour un poulain jusqu’à deux mois, par exemple, on tendra plus sur une forme liquide ou une pâte.

    Nous travaillons aussi sur des aliments complémentaires que l’on peut qualifier de spécifiques. Le processus de création démarre à la suite d’un constat. Je prends un cas concret. Un cheval peut avoir besoin de prébiotiques et probiotiques pour faciliter sa digestion. Plusieurs questions en découlent alors. Quels sont ses besoins ? Quels prébiotiques et probiotiques allons-nous utiliser ? A quelle dose ?...  Toute cette réflexion forme en quelque sorte notre cahier des charges. En interne, nous avons deux vétérinaires responsables des développements.

    Arrive alors l’étape de l’étude clinique. Elle s’appuie sur un consortium de 68 cliniques sur l’ensemble du territoire. Tout simplement, car nous ne voulons pas être juge et partie et avoir un produit irréprochable dont personne ne peut douter. Une étude peut s’étendre d’un an et demi à plus de trois ans.
     
  • Quelles sont les innovations notables dans ce domaine ?

    P.B : Il concerne principalement la standardisation des extraits de plantes. Après les avoir travaillées classiquement, on arrivait dans le produit final à une quantité d’actif différente suivant les lots. Ce qui pouvait rendre le travail du vétérinaire plus compliqué, pour prescrire les bonnes quantités. Notre action a été concentrée sur ce point pour standardiser la concentration d’actif dans le produit final. Et nous avons réussi en nous associant à une structure importante en recherche humaine. C’était long mais passionnant, avec une chose primordiale, la satisfaction client.
     
  • Avez-vous beaucoup de contraintes imposées par le Code de Santé Publique dans l’élaboration de ses produits ?

    P.B : Bien évidemment. Nous fabriquons aussi tous nos produits dans le cadre de la BPF (Bonne Pratique de Fabrication) avec une traçabilité totale.
     
  • Certains compléments alimentaires apportent-ils des substances qu’il est impossible de retrouver dans l’alimentation standard ?

    P.B : L’alimentation de manière générale contient classiquement des vitamines et des oligo-éléments, etc… Mais souvent, il peut en manquer. L’entourage d’un cheval décide alors d’associer un aliment complémentaire. On peut souligner aussi qu’il est très rare aussi que dans l’alimentation courante, on retrouve un actif d’un aliment complémentaire spécifique. Recommandés pour l’arthrose, la digestion ou l’immunité, ils ne rentrent pas dans des traitements à longs termes.
     
  • Les compléments alimentaires ont-ils plusieurs fonctions ?

    P.B : Absolument, avec un champ d’action très large. Il y a six grandes familles dans les aliments complémentaires. Nous avons la digestion, la locomotion, le respiratoire, l’élevage (ex : un lait maternisé est un aliment complémentaire spécifique), l’effort et la récupération, ainsi que l’immunité et l’équilibre de la ration.


Troisième partie : Témoignage de Joséphine Soudan, entraîneur de galopeurs à Chantilly
 

Joséphine SOUDAN
Joséphine Soudan possède un effectif entre 20 et 25 chevaux
 
  • Pourquoi utiliser des compléments dans l’alimentation d’un cheval de course ?

    J.S : Il n’y a pas de raison universelle j’ai envie de dire. Pour ma part, je leur en donne car ce sont des sportifs de haut niveau. Il faut s’adapter à leur métabolisme et leurs capacités et à ce que la nature leur a donné. Comme les humains, tous ne sont pas faits de la même manière. Les réactions au travail sont différentes selon les chevaux. Certains peuvent avoir des lacunes, ce qui fait que nous utilisons des compléments alimentaires.
     
  • Comment faites-vous pour savoir quel produit utiliser ?

    J.S : J’aime bien utiliser les prises de sang. Cela nous donne une bonne lecture du métabolisme du cheval. Il y a aussi des codes et des choses que l’on fait par habitude. Quand il fait chaud, on leur donne des réhydratants, et à l’opposé l’hiver on les aide dans l’immunité. Tant que c’est uniquement des compléments alimentaires de base, il n’y a pas d’erreur possible.
     
  • Ont-ils une fonction dans l’avant-course ou dans l’après course ?

    J.S : Cela dépend des chevaux et des pathologies, ainsi que des sensibilités d’entraîneurs. Ils ont la double fonction. Ils peuvent être importants dans l’après-course, pour aider à la récupération.
     
  • Tous les chevaux ont-ils besoin de compléments alimentaires ?

    J.S : Concrètement, il y a des chevaux qui sortent de l’ordinaire. Certains n’ont besoin de rien et c’est génial de les entraîner ! Après on aime chercher dans le détail pour vraiment connaître tous les besoins. Il y a tellement de compléments alimentaires différents au niveau de la gamme avec des buts précis que cela peut pousser à essayer pour tenter de les protéger encore plus. Même si l’idéal évidemment, moins on leur en donne mieux c’est.