L'hippodrome du mois

Situé sur les rives de la Sèvre Nantaise, l’hippodrome de Vertou accueille des courses de trot et d’obstacle sur une piste en herbe, corde à droite, longue de 1200 mètres. Chaque année, deux réunions hippiques s’y tiennent consécutivement lors du dernier week-end d’août, attirant un public fidèle et nombreux.
À la tête de cette association, Antoine Dejoie perpétue avec passion une tradition familiale, porté par l’engagement d’une équipe de bénévoles soudés et investis.
- Président, pour apprendre à mieux vous connaître, pouvez-vous nous dire en quelques mots qui vous êtes et d’où vous vient votre passion pour les courses hippiques ?
Je suis surtout un produit local, habitant Vertou depuis quatre générations. Adolescent, je montais à cheval en club, mais mon intérêt pour les courses vient de ma famille. Lorsque la société des courses de Vertou a été créée en 1895, mon arrière-grand-père en était membre fondateur, puis mon grand-père, et ensuite mon père. Je suis devenu trésorier en 1996, puis président en 2005.
J’apprécie beaucoup les sports hippiques, mais mon attachement va d’abord à la ville de Vertou, à son hippodrome et à ses bénévoles, qui œuvrent depuis 130 ans sur le même lieu.

- Pour débuter par un peu d’histoire : quel lien existe-t-il entre le Château de La Frémoire, dominant les pistes, et la création de la Société des Courses de Vertou ?
En 1895, Gustave Baillergeau, passionné de courses hippiques et propriétaire du château de la Frémoire, décide, avec quelques autres passionnés, de fonder l’association. Le pré du Portillon, situé juste au pied du château, même si la Sèvre Nantaise les sépare, devient alors le lieu naturel des premières courses.
Pendant près d’un siècle, ce pré a accueilli à la fois les vaches en pâturage et les chevaux de course à la fin de l’été. À l’époque, les exigences des socio-professionnels étaient bien moindres qu’aujourd’hui. Il y a environ 40 ans, le château est devenu la propriété de la Fédération des vins de Nantes. Depuis, le Muscadet, ce vin emblématique de notre région est toujours présent lors de nos réunions, avec modération bien sûr !
Et cette année, pour célébrer les 130 ans de la société des courses, nous avons souhaité marquer le coup : un cocktail sur invitation sera organisé au château, avec une vue imprenable sur l’hippodrome. Un clin d’œil à l’histoire, et un joli trait d’union entre patrimoine, passion et territoire.
- Cette année est particulière avec le 130ème anniversaire de l’Association des Courses Hippiques de Vertou. Quelles festivités avez-vous prévues pour l’occasion ?
Une exposition retraçant l’histoire de notre hippodrome, ainsi que les efforts menés en matière d’environnement et de bien-être équin, a été préparée et installée au bord de la Sèvre, au pied du bourg de Vertou.
Le dimanche 31 août, nous proposerons des tirages au sort avec de beaux lots à gagner, ainsi qu’un spectacle équestre mêlant voltige et tournoi de chevalerie, pendant et à la fin de la réunion hippique.
- Comment vous organisez-vous pour recruter et mobiliser des bénévoles en vue de l'organisation de vos 2 réunions hippiques consécutives durant la période estivale ?
L’équipe se met en place progressivement, avec des rendez-vous de préparation qui s’intensifient à partir de juin. Le recrutement se fait principalement par le bouche-à-oreille, et nous entretenons nos liens tout au long de l’année grâce à quelques rencontres régulières.

- Vous dépassez fréquemment les 100 000 € d’enjeux PMH sur deux jours, avec en prime un résultat net souvent positif. Quelles actions concrètes menez-vous pour attirer et fidéliser les parieurs, qu’ils soient débutants ou expérimentés ?
Le plus important, c’est l’accueil : chaque personne venant sur l’hippodrome doit repartir heureuse, et chaque espace est pensé pour être optimisé. Ainsi, nous multiplions les guichets de paris ainsi que les bornes. Même si nous ne sommes qu’un petit hippodrome, nous avons installé un écran géant près des guichets, diffusant les côtes en temps réel. Pour les bars, un autre écran retransmet les courses en direct, et des personnes équipées de guichets mobiles prennent les paris en direct.
Pour guider les joueurs, nous disposons également d’un voltigeur, comme sur Equidia, qui recueille les meilleures chances et autres informations auprès des professionnels. Grâce à un micro longue portée, tous les parieurs peuvent ainsi affiner leur jeu à l’approche du départ des courses.
- Quel entraîneur ou jockey s’illustre régulièrement sur les pistes de l’hippodrome de Vertou ?
Nous avons eu le plaisir d’accueillir de grands professionnels : à deux reprises, Clément Duvaldestin est venu courir chez nous, et il n’est pas rare de voir les frères Raffin défendre leur chance sur notre piste dans la discipline du trot. En obstacle, Bertrand Lestrade, multiple Cravache d’Or, s’est également illustré sur les parcours de l’hippodrome de Vertou.
- Votre hippodrome est labellisé EquuRES, gage de votre engagement en faveur de l’environnement et du bien-être équin. Vous avez récemment réalisé des investissements significatifs, notamment pour la réfection de la piste en herbe et l’aménagement d’une zone de détente pour les chevaux. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Nous travaillons chaque année avec une entreprise labellisée dans le domaine des pelouses sportives écologiques pour l’entretien de la piste. Nous privilégions le travail mécanique du sol et n’utilisons aucun produit non biologique. Le sol est régulièrement aéré et un arrosage contrôlé est mis en place sur les 1 200 mètres de piste.
Parmi les récentes améliorations visant à mieux accueillir les chevaux, nous avons également aménagé une zone de détente sécurisée afin de favoriser leur récupération. Elle se situe dans le prolongement des vestiaires, en direction du parking van.
Notre hippodrome est un véritable écrin de verdure, au bord de la Sèvre Nantaise, et chaque bénévole a à cœur de le préserver. À noter que, lors des inondations hivernales, l’hippodrome se transforme en lac... mais aussi en zone de reproduction pour les brochets, grâce à sa flore abondante. Nous avons donc tout intérêt à entretenir ce site de la manière la plus écologique possible. D’ailleurs, l’activité humaine permet de maintenir ses qualités naturelles : à l’abandon, le site finirait par perdre son caractère de zone humide.
- Selon-vous, les 3 axes prioritaires des hippodromes régionaux, pour répondre aux enjeux majeurs de la filière hippique ?
Tout est lié : on ne peut pas organiser des courses sans penser simultanément à la sécurité, à l’accueil et à la communication. La priorité, c’est la sécurité de tous — chevaux, professionnels, public. Depuis cinq ans, nos haies sont équipées de barres plastiques amortissantes, et en 2025, nous avons installé une lice pour mieux séparer les espaces publics et professionnels.
Vient ensuite l’accueil : chaque détail compte. À la moindre remarque, on s’adapte. C’est ainsi qu’un espace a été aménagé pour les jockeys sur le parking des vans, que nous avons ajouté un parking vélo, des sanitaires, diversifié la restauration… et multiplié les assises, l’apport d’écrans géants, tout en soignant l’ambiance avec un esprit guinguette. Depuis 20 ans, nous proposons aussi à la « Fête des Courses », organisée par la Fédération Régionale de l’Ouest, avec des animations pour les enfants : près de 500 jeunes y participent chaque année.
Enfin, une fois tout cela en place, il faut faire venir le public. Nous travaillons avec les médias locaux, et depuis près de 10 ans, nous avons fait le choix d’une communication digitale très active sur les réseaux sociaux.

- Y a-t-il une anecdote marquante, un souvenir fort ou une belle histoire vécue sur l’hippodrome que vous aimeriez partager avec nos lecteurs ?
En 2007, à quelques jours des courses, de fortes pluies ont rendu le terrain impraticable. Dans l’urgence, nous avons déplacé nos trois réunions à Erbray — un hippodrome situé à un peu plus d’une heure de route — sans modifier les dates. Ce fut un crève-cœur… et un énorme investissement en énergie.
À Erbray, nous avons été formidablement accueillis, dans un bel esprit de fraternité associative et hippique. Si le résultat financier a été modeste, la mobilisation de nos bénévoles, elle, a été remarquable. C’est d’ailleurs à cette occasion que nous avons intégré des femmes à l’équipe, notamment pour tenir un stand de crêpes… qui continue à avoir du succès 18 ans après !
Du stress, de la sueur, mais surtout une belle solidarité pour permettre aux professionnels de conserver leur programme.
- Votre citation favorite ?
« Venez aux courses à Vertou, vous ne serez pas déçu » ou encore « Le meeting hippique de Vertou, une parenthèse inattendue avant la rentrée des vacances d’été. »
- Pour conclure, quelles sont vos aspirations futures pour l’Hippodrome de Vertou ?
Depuis 2011, nous organisons deux réunions hippiques à la fin du mois d’août, avec des courses de trot et d’obstacles. Notre priorité est de continuer à faire vivre notre piste, dont la qualité reste constante grâce à l’implication de nos bénévoles, et de préserver cette convivialité unique qui fait l’âme de l’hippodrome depuis 130 ans.

Prochaine réunion hippique : dimanche 31 août à partir de 13h30
Crédit photo : Gaëtan Manfredi©