L'hippodrome du mois

Au cœur du Pays-de-Bray

Avec une vingtaine de réunions hippiques chaque année, entièrement dédié à la discipline du Trot, l’hippodrome de Mauquenchy est reconnu pour son site moderne et la qualité de ses infrastructures. De par son dense meeting hivernal et sa proximité avec la région parisienne, Mauquenchy est l’antichambre de l’hippodrome de Vincennes et très apprécié des acteurs des courses. Entretien avec son Président, Jean FOURNIER, pour en connaitre davantage sur la société des courses de Mauquenchy – Gournay-en-Bray.
 

• Président, en quelques lignes, dîtes nous qui êtes-vous ?
  
  Âgé de 73 ans, ingénieur de formation, marié, une fille, j’ai fait ma carrière professionnelle en tant que cadre dirigeant au sein du n°1 mondial de la distribution d’eau et de l’environnement. Depuis ma retraite en 2009, j’ai créé une petite structure de conseils, qui m’occupe encore.
  
  Rien ne me prédestinait au monde des courses, si ce n’est que mon origine villageoise à la campagne. Au hasard d’une rencontre et notamment, fin des années 1990, celle avec Jacques BRION, à l’époque Président de la Société des Courses de Rouen. Suite au décès accidentel de Jacques BRION, j’ai été élu Président depuis 2011, avec un break volontaire de 2 ans, nul n’est à l’abri d’un incident de la vie.
   
• Succinctement, pouvez-vous nous expliquer l’historique de la société des courses de Mauquenchy ?
  
  La société de Rouen-Mauquenchy est la continuité de celle de Rouen qui fut créée en 1861, en organisant sa première réunion de courses sur l’hippodrome des Bruyères et qui accueillait les 3 disciplines. Au fil du temps et des intempéries ou sinistres, il devenait très difficile de continuer à courir sur l’hippodrome et de plus les collectivités propriétaires du terrain souhaitaient pouvoir le récupérer.
  
  Fin des années 1990, il a donc été décidé de créer un nouvel hippodrome et c’est avec l’aide très active du Conseil Général de Seine Maritime que le site de Mauquenchy a été retenu. En effet, avec l’arrêt du circuit automobile des Essarts, le Conseil Général avait acquis 290 ha sur cette commune pour recevoir un circuit de niveau national, voire international flambant neuf. Mais le hasard de la compétition a voulu que le choix se fixe sur le site de Magny-Cours. C’est ainsi que le Conseil Général a consacré 72 ha et construit l’hippodrome dont je suis actuellement le Président.
  
  Depuis octobre 2005, la Société de Rouen-Mauquenchy exploite l’hippodrome par bail emphytéotique de 30 ans.
   
• En 2021, vous avez acté la fusion avec la société des courses de Gournay-en-Bray et son hippodrome situé à 25km de Mauquenchy, pouvez-vous nous expliquer les raisons et tous les avantages que cela comporte ?
  
  En 2020, suite au confinement et un déficit hydraulique pour l’arrosage et une mauvaise qualité de la piste en mâchefer, l’hippodrome de Gournay-en-Bray n’a pu organiser aucune de ses 8 réunions annuelles.
  Pour permettre en 2021 l’organisation de ses épreuves, des travaux importants étaient obligatoires de l’ordre de 300 à 400K€. Aucune subvention n’était à attendre ni financement par les banques ; association trop petite au regard des investissements.
  
  L’hippodrome de Gournay-en-Bray ayant une particularité régionale, piste en mâchefer et corde à droite, à la demande de la Fédération Régionale et des élus professionnels, j’ai envisagé cette fusion. Décision prise le 4 janvier et officialisation le 3 juin 2021 ; un temps record de 5 mois pour les démarches administratives et la réalisation des travaux, le tout dans un excellent esprit.
  
  Aujourd’hui, la piste et les installations reçoivent un satisfécit des professionnels et des turfistes. Il est encore trop tôt pour parler des avantages autres que ceux énoncés plus haut et la conservation de cet hippodrome dans ce beau Pays de Bray. Peut-être que les 8 réunions supplémentaires pour notre société de Mauquenchy vont permettre de peser plus sur l’avenir…

• Avec une moyenne de 120 chevaux par réunion hippique sur vos 3 derniers programmes, vous faites le plein de partants, comment l’expliquez-vous ?
  
  Plusieurs facteurs sont concomitants, les réunions sont en hiver avec peu de concurrence, à proximité du centre d’entrainement de Grosbois et du meeting de Vincennes. La piste, aux dires des professionnels, est très sélective et de bonne qualité et quelles que soient les conditions météorologiques, elle n’abîme pas les pieds des chevaux déferrés et les installations sont fonctionnelles.
  
  Depuis des décennies la devise de l’hippodrome de Rouen est : « Qui gagne à Rouen est dans les 3 premiers à Vincennes » alors toute l’équipe veut perpétuer la tradition.
   
• Qu’est-ce qui vous motive le plus dans votre rôle de Président ?
  
  Sans hésitation la gestion certes financière, mais surtout humaine. Nous avons sur l’hippodrome, 4 agents à temps plein dont une attachée de direction, un régisseur, deux agents de piste, ainsi qu’une chargée de communication en alternance pour assurer l’entretien du site de 72 ha et l’organisation de nos 27 journées hippiques.
  
  Ne pas oublier que le fondement des courses hippiques est basé sur le bénévolat, donc je me dois d’être attentif pour assurer une bonne cohésion entre tous et garder cet esprit de bénévoles. Un moment qui restera présent à l’esprit c’est que pendant la période de confinement en 2020, tout le monde s’est mobilisé pour l’organisation de 14 réunions supplémentaires en 5 semaines, provenant de tous les horizons et notamment de Vincennes et Enghien.
  
  Ce qui me motive outre les relations avec les décideurs et élus locaux, c’est de voir après chaque réunion des bénévoles heureux et fiers de leur journée.
   
• Rouen Métropole compte plus 490 000 habitants avec de nombreux commerces et activités, quel rôle joue l’hippodrome auprès des habitants de votre agglomération ?
  
  Nos deux hippodromes restent ruraux et il est très difficile de faire venir les habitants de l’agglomération de Rouen sur nos sites. Nous courons beaucoup l’hiver et en automne, climat peu propice aux sorties familiales.
  
  C’est pourquoi, cette année nous nous sommes rapprochés de l’ISCOM, une école de communication basée à Rouen, pour comprendre et combattre la défection des Rouennais. C’est ainsi que cette année 2022 sera l’année des « GENERATIONS COMPLICES » sur les 2 hippodromes en faisant venir et surtout intéresser les 3 générations des grands-parents aux petits-enfants.
  
  En parallèle nous travaillons avec les élus locaux pour valoriser la région, en 2022 nous allons organiser un meeting en septembre avec les hippodromes voisins et la création d’activités parallèles, des partenariats avec les collectivités et le Casino de Forges les Eaux.
   
• Le parieur est un maillon essentiel de notre filière, comment assurez-vous son accueil et sa fidélisation sur hippodrome ?
  
  Compte tenu de son emplacement géographique la très grande majorité des parieurs sont à petits budgets, alors nous organisons des tombolas, animations …
  
  Depuis 3 ans, nous avons organisé des journées avec les points de vente PMU de la région où l’on offre des visites guidées et des rencontres avec des professionnels locaux. Il ressort de ces journées une véritable cohésion entre tous. Et contrairement aux idées reçues les responsables des points de vente ne voient pas cela comme une concurrence mais simplement une complémentarité. C’est super !
   

  

• En matière d’animation vous proposez à vos partenaires des baptêmes en road-car, comment cela s’organise et quels sont les retours d’expérience de vos clients ?
  
  Pour l’instant nous organisons 3 à 4 baptêmes de road-car par an, surtout pour des entreprises dans le cadre de leur « team building » et c’est très bien accueilli, et, pour avoir été dirigeant, c’est un vecteur approprié à ce type d’exercice.
  
  Nous sommes propriétaires de 6 équipements et nous faisons appel à nos professionnels locaux, en les dédommageant de leurs frais. Tout le monde joue le jeu ; les professionnels ont le plaisir de communiquer sur leur métier et c’est un réel échange, une activité à maintenir et enrichir.
   
• Cette année vous allez accueillir une étape du Grand National du Trot, qu’est ce que cela représente pour vous ? Quelles sont vos impressions sur la prestation dantesque de « CLEANGAME » récemment vainqueur de l’édition 2021 ?
  
  Le Grand National du Trot est vraiment dans l’ADN de la Société de Rouen-Mauquenchy, qui en est l’un des membres fondateurs depuis 1982. C’est la réunion de l’année pour nous où nous battons des records d’enjeux et de spectateurs.
  
  Pour des raisons générales afin de maintenir cette épreuve à son niveau et la volonté de faire connaître de nouveaux hippodromes dans le circuit, depuis 2019, nous n’organisons pas cette épreuve régionale une année sur trois. Même si ça été difficile de l’expliquer à mon conseil d’administration, nous avons pu en 2021 fêter le 160ème anniversaire de notre société avec l’organisation d’un Quinté.
  
  Cette année nous serons prêts pour accueillir et organiser notre GNT le 23 novembre. Pour qu’il soit réussi, il faut des champions qui y participent et bravo à Jean-Michel BAZIRE de tenter l’impossible avec CLEANGAME. C’est avec des chevaux comme ça que l’on voit l’amélioration de la race des trotteurs, quand encore, il y a à peine 20 ans un record de 1’18 était inespéré.
  
  J’espère qu’en 2022 il reviendra sur le circuit et courir à Mauquenchy…
   
• Quels sont les axes d’amélioration auxquels vous souhaitez apporter une attention particulière pour le compte de votre hippodrome ?
  
  Depuis 2005, l’hippodrome s’est adapté aux exigences des courses, nous avons réalisé les travaux d’éclairage de la piste (2015) d’où des réunions diurnes et semi-nocturnes et changé la qualité du sable pour avoir une piste compétitive et de bonne qualité. Nous venons de nous équiper d’un autostart pour lancer le départ des courses. Par ailleurs, nous avons dans les cartons deux projets d’ombrières photovoltaïques pour Gournay-en-Bray et Mauquenchy.
  
  Nous réfléchissons aux aménagements pour l’accueil du public et des séminaires d’entreprises, concernant l’hippodrome de Gournay-en-Bray GOURNAY continuer les travaux entrepris en 2021, construire des boxes et revoir l’accueil des spectateurs.
   

  

• Selon-vous, quels sont les grands enjeux de demain pour assurer la pérennité des courses hippiques ?
  
  Sans hésitation le bien-être animal et notre #RaceAndCAre, nous nous devons de mettre en évidence le quotidien de nos chevaux à travers les soins, la sécurité et la nutrition…et pas uniquement à travers leurs victoires. A chaque réunion nous avons un commissaire qui consacre son temps à regarder l’état des chevaux et le comportement des hommes et croyez-moi il y a une réelle prise en compte par tous les acteurs.
  
  Concernant Mauquenchy, nous avons le label EquuRES depuis 2018 et nous avons à cœur de le mettre en pratique tant pour la protection de l’environnement que pour le bien-être des équidés.
   
• Votre meilleur souvenir hippique ?
  
  Le meilleur souvenir hippique c’est souvent le dernier et donc ce sera le partage de la propriété de « BEST SIXTEEN » issu de ma poulinière « SURPRESSA », qui m’a fait rencontrer Tony PARKER, une idole sportive et un homme humain, déterminé et voulant jouer un rôle positif pour les courses et l’élevage des chevaux.
  Je ne serais pas complet si je ne parlais pas du cheval « OLIMEDE » que j’ai élevé avec notre fille et qui a su nous faire vibrer à Vincennes et à l’étranger.
   
• Comment souhaitez-vous conclure cet entretien ?
  
  En espérant que cet entretien a fait connaître un peu mieux la société des courses de Rouen-Mauquenchy et ses 2 hippodromes, toujours une équipe pour vous accueillir que vous soyez propriétaire, éleveur, professionnel ou simple spectateur. Que Mauquenchy vive aussi longtemps que feu Hippodrome des Bruyeres !

Prochaine réunion hippique : samedi 5 février - 11h40