Le bénévole du mois

Le bénévole du mois

Thibaut DUPUY est bénévole au sein de la société des courses de Pompadour, un hippodrome emblématique de la Corrèze et reconnu comme l’un des plus beaux sites de France. Depuis 1837, l’hippodrome de Pompadour organise chaque année en été des épreuves hippiques en plat et en obstacle. Avec son cadre verdoyant et des pistes de qualité, il est plébiscité par les meilleurs professionnels. A travers cette interview, Thibaut nous explique son rôle et son investissement pour offrir les meilleures conditions aux acteurs des courses et aux visiteurs.
 

• Comment avez-vous commencé à vous impliquer dans les courses hippiques ?

Depuis mon plus jeune âge, j'ai assisté aux courses de Pompadour grâce à mon père, qui était palefrenier au Haras National. Les réunions hippiques, en particulier les courses d'obstacles, étaient mes préférées, surtout le cross, une discipline très prisée sur notre hippodrome. À l'âge de 16 ans, j'ai commencé à travailler pour la société des courses en tant qu'employé saisonnier lors du meeting estival. Par la suite, j'ai développé le site internet et travaillé au secrétariat, ce qui m'a permis de venir sur l'hippodrome tous les dimanches. Je faisais partie des "cravates vertes", une équipe de personnes salariées à la journée ou bénévoles qui accomplissent une variété de tâches essentielles pour assurer une bonne tenue des réunions de courses. En 2012, j'ai été élu au conseil d'administration de la société des courses et nommé secrétaire général du bureau
 

• Quel est votre rôle principal en tant que bénévole au sein de la société des courses ?

Avant chaque réunion hippique, j'ai pour responsabilité de préparer le programme officiel qui sera distribué aux visiteurs. En collaboration avec le responsable du pari mutuel, nous évaluons le nombre de guichets et de bornes nécessaires pour la prise des paris sur l'hippodrome. Depuis peu, nos courses sont désormais accessibles aux paris en ligne (CSI), ce qui nécessite une coordination avec les responsables de France Galop pour planifier les horaires et assurer la fluidité du déroulement des épreuves sur les différents hippodromes. Étant en étroite relation avec la fédération régionale, étant donné que je vis et travaille à Toulouse, je suis leur interlocuteur privilégié. Enfin, je m'assure que tous les documents administratifs requis pour la journée sont disponibles.

Lors des journées de courses, je travaille au secrétariat où je suis chargé d'accueillir les entraîneurs et les jockeys. Mon rôle consiste à centraliser toutes les informations techniques échangées entre les commissaires, les techniciens, le PMH et les professionnels, qui seront utilisées pour rédiger les procès-verbaux. En ce qui concerne la communication, je rédige chaque semaine un article qui résume les résultats de la réunion hippique, destiné à être transmis à la presse locale. Depuis trois ans, nous produisons également de courtes vidéos intitulées "Ça balance à Pompadour" et diffusées sur Facebook pour mettre en avant les acteurs des courses.

• Quelles sont vos missions hors période de courses ?

Pendant l'hiver, j'ai pour mission de contribuer à la préparation de nos propositions concernant le programme des courses et les conditions techniques pour la saison à venir. Ces propositions sont présentées et discutées lors des commissions de programme organisées par France Galop, et je suis présent lorsqu'elles concernent Pompadour. Étant donné que nos réunions sont assez rapprochées, il est crucial de veiller à ce que le programme soit bien équilibré, en particulier pour les différentes catégories d'âge des chevaux, et garantir que les chevaux qui choisissent de courir à Pompadour disposent d'un programme qui leur permette de s'exprimer pleinement.

• Quels sont les défis les plus fréquents auxquels vous êtes confronté en tant que bénévole ? Comment les avez-vous surmontés ?

Le quotidien d'une journée de courses est souvent confronté à des imprévus aux multiples causes : qu'il s'agisse d'un équipement ou d'un outil qui tombe en panne au mauvais moment, d'une personne qui rencontre un empêchement, ou d'un incident qui perturbe les horaires. Pour faire face à ces situations, nous faisons preuve de résilience et de créativité, en nous appuyant avant tout sur les qualités de chacun. La force de notre équipe de bénévoles réside dans les compétences et les qualités multiples de chaque membre, que nous agrégeons pour surmonter tous les obstacles. Grâce à notre volontarisme, notre cohésion et notre priorité absolue, qui est de maintenir les courses, nous sommes capables de faire face à toutes les situations imprévues.
 

• Selon vous comment l'hippodrome peut-il continuer à attirer de nouveaux spectateurs dans les années à venir ?

À mon avis, il est primordial de valoriser les particularités et l'identité propre à chaque hippodrome. Dans notre cas, nous sommes un hippodrome familial qui offre aux visiteurs l'opportunité de passer un agréable moment au milieu d'un environnement verdoyant. Nous proposons de nombreuses animations pour les enfants, telles que des goûters offerts à chaque réunion, des animaux de la ferme et des structures gonflables. L'accueil du public est une préoccupation majeure pour la société des courses, notamment dans le cadre de la planification de futurs projets d'aménagement de l'hippodrome.

Les courses restent néanmoins le spectacle central. Un calendrier régulier chaque année crée des événements marquants et fournit des points de référence pour le public. La journée du 15 août est particulièrement populaire, en raison notamment du Grand Cross, une étape du Trophée National du Cross, ainsi que du Grand Steeple. Nous avons accueilli plus de 4000 personnes lors de l'événement l'année dernière. Une autre date importante est le dimanche suivant le 15 août, qui propose le Grand Prix de Pompadour, l'épreuve la plus importante de la saison en plat.

• Comment l'hippodrome fait-il pour sensibiliser les visiteurs au bien-être équin ? A la préparation et aux soins apportés aux chevaux lors d’une épreuve ?

L'année dernière, nous avons organisé pour la première fois une journée sous le label #RaceAndCare, dans le cadre d'un programme coordonné par la fédération nationale des courses. Des associations qui travaillent à la reconversion d'anciens chevaux de course étaient présentes pour sensibiliser le public à cette cause. Nous avons également organisé il y a quelques saisons le défilé "Le retour des champions", où des anciens chevaux qui ont marqué les courses de Pompadour, dont trois anciens lauréats de Grand Cross, ont défilé. Malgré leur âge avancé, certains d'entre eux étaient encore très énergiques !

En outre, nous avons installé des brumisateurs qui sont activés au retour des chevaux après la course pour aider les concurrents à se rafraîchir. Cette initiative a été très appréciée cette année et a été remarquée par le public.

• Pourquoi recommanderiez-vous à des proches de s’engager en tant que bénévole au service d’un hippodrome ?

Devenir bénévole est avant tout une excellente occasion de passer des moments agréables avec les autres bénévoles, que ce soit pendant la saison des courses ou à d'autres moments de l'année. Nous formons une véritable équipe, avec des liens d'amitié forts entre nous.

S'engager au service d'un hippodrome est également une manière de contribuer à la vie de la filière, qui représente plusieurs dizaines de milliers d'emplois, mais fonctionne en grande partie grâce à l'engagement de bénévoles dans les sociétés de courses. C'est également une façon de faire vivre son territoire, de le faire rayonner et de participer à son dynamisme, même au-delà du monde des courses. Il est très gratifiant de savoir que nous apportons notre contribution à cette cause.

Cela permet également de faire de nombreuses rencontres avec des personnes de divers horizons. Le contact avec les professionnels est également très enrichissant, et il y a une véritable proximité entre les bénévoles et les professionnels. Il est par exemple facile de discuter avec les meilleurs jockeys français autour d'un verre après les courses. Je connais peu de sports où une telle proximité est possible ! Enfin, l'expérience de travailler dans un hippodrome est une véritable ouverture d'esprit, qui permet de sortir de la routine quotidienne. Une journée à l'hippodrome représente un changement significatif par rapport à mon travail d'ingénieur en orbitographie au CNES (Centre National d'Etudes Spatiales à Toulouse)!
 

• Pouvez-vous nous parler de votre plus belle expérience ou meilleur souvenir en tant que bénévole ?

Les soirées passées ensemble laissent des souvenirs inoubliables ! En été, après les courses, nous restons parfois tard, et nous n'avons pas envie de partir. C'est une ambiance très conviviale. Dans un registre, l'un de mes meilleurs souvenirs est la réussite de l'organisation de la première journée de la saison 2020, qui a eu lieu à huis clos, selon des directives strictes, et seulement deux semaines après la reprise des courses à l'échelle nationale. Tout le monde s'est mobilisé de manière exceptionnelle pour atteindre cet objectif. Voir les professionnels reconnaissants et constater le bon déroulement de cette journée a été une magnifique récompense pour une société de courses, majoritairement composée de bénévoles, comme la nôtre. Notre devise, "union et persévérance", a été parfaitement illustrée par cette expérience.

• Votre entraîneur / jockey favori ?

Je suis chauvin donc je soutines de tous les entraîneurs de Pompadour ! Fabien Lagarde est celui qui court le plus régulièrement et a remporté un steeple à Auteuil à l'automne dernier avec Paulin Blot, notre jockey local, avec qui je partage également une passion pour le vélo ! Fabien est également membre du conseil d'administration de la société des courses, tout comme Benoit Gourdon, un autre entraîneur public récemment installé, qui a remporté sa première victoire à domicile l'été dernier et qui développe actuellement son effectif. Cependant, ce qui rend notre centre d'entraînement unique et riche, c'est le nombre de permis d'entraîner ! Nous en avons environ une trentaine, tous passionnés par les chevaux et les courses, et ils sont des ambassadeurs de notre sport. Grâce au réseau de relations qu'ils ont, ils contribuent grandement à la popularité des courses dans notre région de la Corrèze et à son rayonnement.

A l’échelle nationale, je suis également admiratif de la monte de Jonathan Plouganou et sa manière de faire corps avec ses chevaux pour leur donner le meilleur des parcours. Je trouve aussi Killian Dubourg très talentueux, en plus d’une personnalité particulièrement sympathique. J’étais très content qu’il ait obtenu la cravache de bronze l’an dernier. Enfin, je tiens à mentionner Nathalie Desoutter, qui vient de prendre sa retraite après une carrière exceptionnelle. Sa polyvalence, son courage et son professionnalisme sont remarquables, et malgré son succès, elle est toujours restée accessible et humble.