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Canicule et sécheresse
Bien être équin

Canicule et sécheresse

Publié le 19 nov. 2022
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Canicule et sécheresse

La sécurité des chevaux avant tout

L’été 2022 a connu, dès la mi-juin et jusqu’à ces derniers jours, de nombreux épisodes de très fortes chaleurs avec une sécheresse importante sur la majorité du territoire. C’est une période de l’année très active pour les sociétés de courses qui organisent de nombreuses réunions entre le 1er juin et le 30 septembre : ces phénomènes météorologiques ont donc eu un impact majeur sur notre filière.

Pour les courses et en amont, pour l’entraînement au quotidien, l’arrosage de la piste est indispensable quelle que soit la surface : herbe, sable, mâchefer… Cet arrosage a pour objectif de garantir la sécurité du cheval et la régularité des épreuves. Il n’a pas pour vocation première l’esthétique ou le confort des spectateurs.

Face aux températures extrêmes observées et aux restrictions d’arrosage qui ont touché de nombreux départements, l’Institution des courses a dû prendre plusieurs types de mesures pour protéger le bien-être des chevaux et leur éviter de courir sur une piste non adaptée à leur sécurité :

  • Plusieurs réunions ont été annulées, reportées ou délocalisées sur d’autres hippodromes ayant la capacité à arroser leurs pistes ;
  • d’autres réunions ont vu leurs horaires modifiés avec un lancement des opérations décalé tôt le matin ou tard le soir afin de réduire la pénibilité de l’effort pour les partants.

Ces changements, souvent actés dans les derniers jours avant les courses, ont entrainé une très forte baisse de revenus pour les hippodromes (baisse des enjeux sur les réunions Premium, diminution de la fréquentation, donc des recettes sur site, manque à gagner lié aux courses annulées ou déplacées…).

En dépit de ces impacts économiques parfois majeurs, la priorité a été évidemment la sécurité des chevaux. Retour d’expérience avec Daniel Theard, Président de la société des courses de Senonnes et du centre d’entrainement du CERGO, contraint de transférer sa réunion hippique du 6 août sur l’Hippodrome du Lion d’Angers.
 

  • En raison d’une sécheresse exceptionnelle et dans l’incapacité d’arroser vos pistes en raison d’un arrêté préfectoral, vous avez été dans l’obligation de transférer votre réunion hippique. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette difficile décision ?

    D.T : En effet, ce n'est que 3 jours avant notre réunion de courses que nous avons pris cette décision lourde de conséquences financières pour notre Association. Nous avions géré nos ressources en eau de façon à pouvoir assurer le déroulement des courses dans de bonne conditions en offrant une piste "bon à léger" avec une "pénétromètrie" à 2,8-2,9.

    Nous avons malheureusement eu un problème technique au niveau du pompage dans notre réserve d'eau qui nous a empêché d'arroser notre piste. Notre piste allait donc être très irrégulière et potentiellement dangereuse pour les partants. Soucieux de préserver avant tout la santé des chevaux, nous avons à notre grand regret recherché un autre hippodrome pouvant accueillir notre réunion de courses dans les conditions de sécurité souhaitées et celle-ci a été transférée au Lion d'Angers dont la piste était régulièrement arrosée la nuit et qui offrait un pénétromètre à 3,3 ce qui équivaut un terrain "bon-souple".

     
Hippodrome de Senonnes
Les pistes de l'hippodrome de Senonnes
 
  • En tant que Président de la société des courses de Senonnes, quels sont les axes prioritaires pour garantir les meilleures conditions possibles aux jockeys et leurs chevaux ?

    D.T : Tout d'abord notre préoccupation première est la sécurité! Que ce soit le public, les jockeys, les entraîneurs, les propriétaires et bien sûr les chevaux, nous nous devons de tout mettre en œuvre pour assurer leur sécurité.

    Pour garantir les meilleures conditions possibles aux jockeys, nous devons mettre à disposition un rond de présentation et une piste entièrement sécurisés par des lices et des tournants le plus ouverts possibles de façon à éviter que les chevaux ne se déportent vers l'extérieur, assurer un arrosage qui ne puisse pas provoquer de glissades, prévoir suffisamment de  dégagements dans les aires de départ, assurer un circuit entièrement sécurisé à partir des boxes et vans pour accéder au rond de présentation et aussi pour l'entrée en piste des chevaux.

    Pour les jockeys d'obstacles, prévoir des contournements d'obstacles en cas de jockeys ou chevaux immobilisés sur la piste et porter à la connaissance des jockeys toute modification récente soit de parcours, soit d'obstacles (suppression, ajout, modification). Mettre en place la signalisation des obstacles préconisée par France Galop et équiper les obstacles de protections en mousse et en caoutchouc pour amortir l'impact en cas de chute, tant pour le jockey que pour le cheval. Enfin, mettre en place un protocole sécurité s'appuyant sur le guide sécurité élaboré par la FNCH et veiller scrupuleusement à son application.


    Quant à la sécurité des chevaux, l'hippodrome doit être entièrement fermé de façon à éviter que les chevaux ne sortent de l'enceinte de l'hippodrome, avoir une piste suffisamment souple, bien engazonnée pour les pistes en herbe, pour éviter les glissades, lésions ou fractures occasionnées par une piste trop dure, prévoir de l'eau à la sortie des pistes en cas de fortes chaleurs. Toutes les mesures prises en faveur des jockeys contribuent également à la sécurité des chevaux.

    En résumé, je pense que toutes ces mesures sont prioritaires, que nous ne devons rien négliger en matière de sécurité : l'avenir des courses en dépend.
     
  • Face aux épisodes caniculaires, quelles mesures, au quotidien, avez-vous prises en faveur du centre d’entrainement dans le but de garantir aux entraineurs un outil de travail de qualité ?

    D.T : Comme chaque année, nous anticipons les éventuels problèmes d'arrosage de nos pistes pendant l'été. Nous disposons de deux plans d'eau d'une capacité totale de 58 000m3, ce qui nous laisse une marge de manœuvre assez conséquente. Mais il faut absolument effectuer un suivi quotidien à l'aide de notre système informatique qui nous permet de connaître la quantité d'eau utilisée chaque nuit, de détecter un éventuel dysfonctionnement d'un ou plusieurs arroseurs et de doser notre arrosage en fonction de la situation.

    Nous mesurons régulièrement notre capacité en eau restante et nous nous projetons, en fonction des prévisions météorologiques, jusqu'à la fin d'une période de sécheresse annoncée ou potentielle. Pour cette année 2022, nous avions prévu de pouvoir arroser jusqu'au 20 octobre sur nos réserves sans aucune précipitation. Nous avons fort heureusement eu quelques pluies qui devraient nous permettre de passer cette période compliquée.

    Afin de toujours avoir des pistes permettant de préserver la santé des chevaux, nous avons dû faire quelques rajustements dans nos prévisions d'arrosage, fermer momentanément des pistes (obstacles notamment), communiquer quotidiennement avec les entraîneurs par SMS et mails pour qu'ils puissent adapter les entraînements à l'état des pistes. Pendant cette période compliquée, nous n'avons fort heureusement eu à constater aucune lésions ou fractures parmi les chevaux entraînés sur nos pistes.
Obstacle Hippodrome de Senonnes
Le parcours d'obstacles de l'hippodrome de Senonnes